Combien coûte la dissuasion nucléaire à l'armée française en 2022?

Quelle est la composition des forces de dissuasion nucléaire françaises?

Les forces de dissuasion nucléaire françaises comportent 2 composantes:

1° composante: la force océanique stratégique (FOST):
elle dispose de quatre sous-marins nucléaires de la classe Le Triomphant, sous-marins lanceurs d’engins de nouvelle génération.

2° composante: les forces aériennes stratégiques (FAS):
elles sont opérées par l'Armée de l'air et la Force aéronavale nucléaire (FANu) opérée par la Marine nationale.

Les forces de dissuasion nucléaire françaises disposent d'un stock opérationnel de 300 têtes nucléaires.

Quels sont les montants consacrés par l'armée française à la dissuasion?

Le renouvellement des composantes de la dissuasion nucléaire fait l’objet d’un financement de 25 milliards d’euros sur les cinq premières années de la LPM.

- 4,97 milliards d’euros étaient inscrits en Loi de Finances Initiale pour 2021,

- 5,291 milliards d’euros sont inscrits en Projet de Loi de Finances pour 2022.

Ces données budgétaires ne traduisent que l’effort de la Nation au titre de l’agrégat budgétaire "Dissuasion", une partie des crédits contribuant à la dissuasion n’étant pas inclus dans celui-ci
(exemple des programmes Rafale, A330 MRTT ou porte-avions).

Comment se répartissent les crédits consacrés par l'armée française à la dissuasion?

Ces crédits se ventilent de la manière suivante :

- 4,36 milliards d’euros pour le maintien et le renouvellement des capacités (programme 146),

- 721 millions d’euros pour le maintien en condition opérationnelle (programme 178),

- 205 millions d’euros au titre des crédits d’études amont (programme 144),

- 5 millions d’euros au titre de la subvention pour charge de service public de l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (programme 212).

En 2022, la dotation inscrite en PLF permettra notamment de financer :

- au titre de la sous-action 06.14:
795,61 millions d'euros en crédits de paiement
pour les travaux de développement et de production du missile M51.3, missile nucléaire stratégique à têtes multiples emporté sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins
(les SNLE emportent actuellement les versions M51.1 et M51.2 de ce missile, les travaux sur la troisième version du missile ayant débuté en 2014).

- au titre de la sous-action 06.17:
127,13 millions d'euros en crédits de paiement
pour la poursuite des travaux de modernisation du missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA).

- au titre de la sous-action 06.19:
1 281,58  millions d'euros en crédits de paiement
pour la poursuite des travaux de préparation de son successeur, le missile air-sol nucléaire de quatrième génération (ASN4G), qui entrera en service dans les années 2030.
Cette sous-action retrace également d’autres ressources, dont celles relatives
aux travaux d’infrastructures dédiées à la composante aéroportée, en particulier pour l’accueil des MRTT sur les bases aériennes de la dissuasion,
à la mise à niveau des installations du port de Cherbourg destinées aux sous-marins nucléaires.

- au titre de la sous-action 06.18:  
616,77 millions d'euros en crédits de paiement
s’agissant du programme Simulation, la montée en puissance progressive du laser mégajoule (LMJ)
ou encore la poursuite du programme d’infrastructures engagé dans le cadre de la coopération franco-britannique TEUTATES.

- au titre de la sous-action 06.15:
2,98 millions d'euros en crédits de paiement
Par ailleurs, bien que les travaux d’adaptation des trois premiers SNLE de la classe Le Triomphant au missile M51 soient à ce jour terminés, quelques crédits restent inscrits à la sous-action 06.15.

à voir aussi:

Combien coûte la "dissuasion" dans le Projet de Loi de Finances 2022 de la Défense?

 

 

*ref: Avis fait au nom de la commission de la Défense Nationale et des forces armées sur le PLF pour 2022 (n° 4482) par Christophe Lejeune, Député, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 20 octobre
2021.
**photo: 1 defense.gouv

Basés à l’Ile-Longue, les 4 SNLE français portent 16 missiles dotés chacun de 6 têtes nucléaires et patrouillent successivement pour assurer la permanence à la mer de la dissuasion nucléaire française. Aujourd’hui, la Force océanique stratégique met en œuvre plus de 80 % de la puissance nucléaire du pays, contre 20 % à la composante aérienne, dans le cadre de 2 composantes complémentaires répondant à des usages différents @ defense.gouv

Après une transformation structurelle ces dernières années, les Forces aériennes stratégiques (FAS) disposent aujourd’hui d’un triptyque performant de dernière génération : le Rafale F-3R, l’A330 Multi role tanker transport (MRTT) Phénix et le missile nucléaire air-sol moyenne portée améliorée (ASMP-A) @ defense.gouv

Du fait de la complexité des systèmes d’armes mis en œuvre, les bases de SNLE ne sont que 9 dans le monde: 2 aux États-Unis (Kings Bay sur l’Atlantique, Kitsap-Bangor/ Seattle sur le Nord Pacifique), 2 en Russie (Mourmansk/presqu’île de Kola en mer de Barents, Petropavlovsk-Vilioutchinsk sur le Pacifique), 2 en Chine (Jianggezhuang-Quingdao au nord, Yalong au sud), une en France (Brest/ Ile longue), 1 au Royaume-Uni (Faslane, Écosse), 1 en Inde en construction (Rambilli, Andhra Pradesh) et 1 en France (Brest/ Ile longue) @ defense.gouv

Les crédits de l’action 6 "Dissuasion" connaissent une très forte hausse des autorisations d’engagement, à hauteur de 79 %, et une croissance conséquence des crédits de paiement, à hauteur de 6 %. La hausse des autorisations d’engagement s’explique par la hausse considérable de la dotation allouée aux travaux de développement et de production du troisième incrément du missile balistique nucléaire M51, ainsi que des évolutions techniques des sous-marins nucléaires lanceurs d’engin (SNLE) en service et des travaux relatifs au futur missile de la composante aéroportée @ assemblee-nationale

En 2019, on reconnait 9 États comme puissances nucléaires militaires: les États-Unis et la Russie (qui disposent de 92 % du stock mondial), le Royaume-Uni, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord. Selon le SIPRI (institut de référence en matière d’études et de recherches sur les conflits), ces États disposent de 13 865 armes nucléaires. Sur ce stock, 3 750 armes (27 %) sont actuellement déployées dans des forces opérationnelles et 2 000 sont rapidement mobilisables en cas d’alerte (soit 41,5 % du stock mondial) @ statista